MILLAVOIS.COM – Millau. Dans le « Sillage » d’Antoine Dubruel au Château de Sambucy
Antoine Dubruel, peintre millavois d’adoption, présentera son travail dans l’Orangerie du Château de Sambucy, lieu emblématique de la ville de Millau les 21 et 22 septembre 2024 de 14h à 18h à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine.
Beaucoup de chemin parcouru depuis entre autres ses expositions millavoises à la Galerie A Capelle’Art d’abord, à Passage à l’Art, puis à la Salle Constantini et à l’Espace Culture du Jardin de la Mairie en 2019. Il y a 10 ans exactement notre jeune peintre originaire de Bordeaux puis de Toulouse en passant par l’île singulière de Sète déposait ses valises entre la cité du gant et Saint-Jean-du-Bruel où se trouve actuellement son atelier.
Peintre « expressionniste » que beaucoup situent entre abstraction et figuration tandis qu’Antoine Dubruel se plaît à recréer des paysages « mentalisés » qui superposent sur un même plan des espaces imaginaires et des temporalités différentes. Ne cherchez pas d’humains, car vous n’en trouverez trace. Pour lui, la nature est capable à elle seule de retranscrire une idée d’universel dépassant de bien loin le temps d’une vie humaine. Ce qui n’enlève en rien la force du trait ainsi que celle des sentiments au sein de toiles très matiéristes qui oscillent entre noir et blanc et couleurs très vives.
Dans un entretien récent, il évoque son travail en ces termes : « Mon travail suit depuis quelque temps un processus basé sur un ensemble de trois compositions constituant, au final, une œuvre totale. Le dessin, dans son aspect plastique, me permet de créer un certain rapport au monde en posant des lignes, des points de fuite et de créer la sensation de perspective. J’aime user de différents médiums (pastel, craie) et de différentes techniques d’eau dont l’aquarelle, qui me donnent à la fois une sensation de vitesse et celle d’être sur une « corde raide » d’où il ne faut pas tomber. Mais, pour moi, une œuvre se doit d’être totale et de comporter à la fois la composition, le dessin et la couleur. Ces 3 éléments en font, dans mon travail aujourd’hui quelque chose d’abouti. L’encre de Chine, quant à elle, suggère un « battement », une respiration qui s’étend sur des toiles plus vastes. J’aime louvoyer dans ce monde du liquide, de l’ombre et de la lumière et voir émerger un univers en même temps que ces techniques qui prennent vie le temps de l’œuvre. L’huile enfin. La matière. L’occasion pour moi d’entrer dans les « entrailles » de la composition. Il s’agit de pénétrer puis de dépasser la surface plane de la toile en superposant les couches de peinture qui deviennent chacune des mondes à part entière. Je dirais qu’il y a dans mes tableaux une sorte de « généalogie de l’huile » et j’aime cette (al)chimie qui est au cœur de ma création et qui me fait aller très loin, au-delà de notre monde à nous. »
Cette exposition de plusieurs dizaines de toiles s’inscrit en filigrane de l’exposition « Autochtonies » du Musée de Millau. L’artiste y présente actuellement plusieurs de ses tableaux illustrant son processus particulier de création. Certes, être artiste aujourd’hui demande bien des sacrifices ainsi que force et persévérance or certaines choses s’imposent à vous comme il le dit justement : « Lorsqu’à mes débuts j’ai entrepris mes études de Droit pour être avocat ou Diplomate, je me suis confronté très rapidement au monde des adultes et à celui de l’actualité avec ses codes, ses normes, sa marche. Néanmoins, je n’y ai vu aucune issue. Je n’ai alors pas choisi véritablement le « métier » de peintre, mais, j’ai choisi la peinture (à moins que ce ne soit elle qui m’ait choisi) comme un moyen voire une nécessité de marcher à côté, dans un autre monde que celui de notre quotidien. Après plusieurs expositions et au bout d’un certain temps, ma pratique s’est professionnalisée. Elle demeure aujourd’hui cette nécessité qui m’anime depuis toutes ces années et qui me permet de créer encore ».
Montrer son travail encore et encore, mettre face à la matière l’œil du spectateur qui, dans sa rencontre physique avec la toile, permet de donner vie, en quelques sortes, à l’ œuvre.
À cela, il ajoute : « Les artistes suivent l’humanité. L’Homme et l’art sont, je dirais, une « histoire de famille », aussi la jeunesse doit- elle encore continuer à rêver et à croire en l’Art ».
Une exposition à ne pas manquer l’espace de quelques heures avant que notre artiste n’emporte ses toiles vers de nouveaux horizons.
Elida Fabre
« Sillage », Château de Sambucy / « Autochtonies » jusqu’en janvier 2025 – Renseignements Mumig.fr / Retrouvez l’intégralité de cet entretien audio sur antoinedubruel.fr