Antoine DUBRUEL Sur les traces de l’invisible Place Foch, Salle Costantini
Exposition Encres de Chine, Huiles sur toile § Dessins
Travaillant à ses débuts il y a une dizaine d’années au cœur du Lauragais, Antoine Dubruel se détourne de sa carrière de Droit pour embrasser des études d’Art plus proches de ses aspirations. Il développe d’abord son œuvre dans le secret de l’atelier, se nourrissant des impressions visuelles, traces de ses voyages et de son rapport particulier à la Nature. Portant un regard attentif sur les œuvres des maîtres anciens et les évolutions les plus récentes de la peinture, il développe peu à peu une écriture propre sur laquelle se dessinent des motifs récurrents quoique toujours singuliers qui en font sa signature.
Œuvrer entre tradition et innovation en maintenant ce fragile équilibre
L’homme reconnaît ses maîtres que sont Monet, Van Gogh ou bien encore Nicolas de Staël ou Chaïm Soutine, sans oublier Hiroshige et Hokusai dans une démarche oscillant entre tradition – celle de broyer les pigments de couleurs mélangés ensuite à des huiles à la manière des Anciens – et innovation quant au traitement des sujets. En effet, si Antoine Dubruel fait le choix exclusif de l’huile, c’est qu’il sait trouver dans cette matière et ses possibilités infinies, le parfait médium pour exprimer la lumière irradiant ses compositions en muant à chaque toile selon les saisons et les états d’âme. Les compositions deviennent alors le fruit d’une lente maturation intellectuelle et sensorielle qui, après avoir longtemps privilégié le motif du corps, s’orientent désormais du côté de paysages « mentalisés ».
« Funambule », tels sont ses mots, comme si l’artiste se trouvait, au moment de créer, suspendu dans les airs. La corde raide est ainsi tendue au dessus d’une toile que le peintre aime vaste car elle laisse libre le corps en lui assurant une gestuelle « démesurée » permettant à l’ébauche première, réalisée au dessin puis à l’encre de Chine, de conjuguer formes, couleur et matière.
Lunes d’hiver, 2014
Recréer le monde au travers de paysages mentalisés
C’est au cœur donc de paysages fantomatiques transfigurés où se conjuguent liberté du geste et force de la couleur que nous entraîne l’œuvre d’Antoine Dubruel, dans des compositions « d’abstraction onirique » diront certains, à mi-chemin entre figuration et paysages rêvés. Une chose est sûre, la lumière, la matière et l’équilibre, le plus souvent dans le déséquilibre, en sont les clés de voûte.
Traduire l’invisible en mêlant terre et mer
Antoine Dubruel travaille désormais à Sète depuis plusieurs années. Il y a déposé ses valises, touché par cette ville à la force brutale et poignante, lieu à la fois du non retour mais aussi du tout possible. Du haut de son atelier perché entre l’étang de Thau et la Grande Bleue, le peintre poursuit son cheminement vers des horizons lointains, celui de la Méditerranée qui le fascine par son infinie étendue mais aussi, celui des Causses et des montagnes environnantes qu’il fréquente quotidiennement à Millau. Ces grands espaces lui sont désormais nécessaires car ils oxygènent et « végétalisent » chaque jour un peu plus ses œuvres.
En août 2008, il organise sa première Exposition à Gordes, dans le Lubéron avant de poursuivre la présentation de son travail à Marseille, puis à Paris à la Galerie Monod ou plus récemment à Rodez à la Galerie Artives, au côté d’œuvres de grands noms tels que Pierre Soulages, Hans Hartung, Zao Wou Ki. Antoine Dubruel installe ensuite huiles et encres en 2015 dans le Sud, à Lodève, O Marches du Palais, dans une ancienne chapelle de Pénitents blancs devenue une vaste Galerie inondée de lumière, puis, à Uzès dans le Gard. Enfin, L’artiste reconnaît la puissance créative que lui procurent les paysages millavois. Lieux disparates et sensibles où se conjuguent force et âpreté et dans lesquels la Pouncho tient désormais une place de choix. Après avoir exposé à Millau à la Galerie A Cappell’Art à l’automne 2014, c’est avec plaisir qu’il présente dès lundi son travail pour sa première exposition publique, Salle Costantini, avant de poursuivre en juin par une exposition sur le Mont Saint-Clair à Sète du 20 au 27 juin prochain. Ainsi, la peinture reste et demeure ce « choix radical » et sinueux et, cependant le seul chemin à mener l’artiste là où la main et l’esprit peuvent exprimer leur pleine liberté.
Journal de Millau. Article d’Elida Fabre, publié dans l’édition du jeudi 05 mai 2016, lors de l’exposition Sur les traces de l’invisible, réalisée salle Costantini, place Foch.