André Aragon
Ce matin je lisais quelques textes de Philippe Jaccottet. Ce début de poème du recueil. A La lumière d’hiver :
« Ecoute, vois : ne monte-t-il pas quelque chose de la terre, de beaucoup plus bas ; comme une lumière, par vagues, comme un Lazare … », me fit penser à la peinture d’Antoine. Le tableau « passage du Styx » donne la clé du travail en cours. Cette traversée des Enfers a pu se faire dans les deux sens. Chez les Grecs, plusieurs héros y sont allés, Orphée, Ulysse, Hercule et certains sont revenus vivants. C’est le propos de cette peinture, à mon sens.
Le sujet n’est pas donné en amont, il arrive au fil des peintures, il se précise. Eclats des couleurs, noirs très forts, traits rapides, gestes hachés, hurlements, désertifications, émotions fortes vécues.
Je pense à Leiris et à la peinture comme art tauromachique ! On ne sait pas, on ne sait jamais si la corne du taureau de Lascaux va éventrer le peintre ! Apprivoiser la peinture comme le Petit Prince avec le renard est une longue tâche, longue construction, longue présence.
Je crois que le peintre se construit avec la peinture, respire de peinture, vit de peinture, fait apparaître l’invisible.
André Aragon. Peintre plasticien.
La Traversée du Styx, 2016