Gérard Vergnes
Ce qui me frappe c’est que la nature que le peintre met en scène est particulièrement vivante, primitive, comme si la vision retrouvait la mémoire d’un temps géologique primaire. Mais, signe des temps peut-être, le spectateur peut avoir le sentiment que ces réminiscences pourraient tout aussi bien refléter un avenir sombre.
Si les paysages ne sont pas « animés » au sens traditionnel du terme en peinture (l’humain en semble comme chassé, dans les marges), ils apparaissent comme habités d’on ne sait quelles (mauvaises ?) forces, d’on ne sait quelles menaces sourdement programmées. Les formes aiguës dominent, et une sorte de tectonique des plages colorées semble œuvrer à faire éclater la surface des toiles.
Je trouve que ses œuvres « résistent », qu’elles ne se dévoilent que si on les regarde avec attention. C’est toujours bon signe.
Comme le peintre s’efforce d’y parvenir, elles recèlent comme en filigrane derrière l’apparence figurative une autre dimension, profonde, plus difficile à cerner, mais bien présente. Que ce niveau soit suggéré par le titre ou par des moyens purement plastiques, ou encore par la conjonction des deux facteurs, il habite chacune des œuvres présentées.
Gérard Vergnes, 2014