Gilles Desnots
Brutalité et tendresse charnelle du trait, désir de vastes horizons, humanité tragique. […] Partout des traits, comme des griffures qui lacèrent la toile, et pourtant quelle légèreté souvent, comme des pétrifications dans des effets de glace, mais ces effets rendraient en même temps comme impossible tout immobilisme.
[…] Au-dessous des griffes qui bataillent en nuées, silhouettes fantastiques, les formes et couleurs choisissent souvent l’évitement ; elles se glissent entre, pointent dans les possibles de l’instant, s’étalant parfois, mais rien n’est assuré puisque tout est mouvement comme des morceaux de plaques lithosphériques : chevauchement, glissements, escalade, frôlement. […] bestiale poussée de noir qui fait basculer, s’effondrer ce qui était déjà ruine. Piétinement de ce qui est déjà mort ? A quoi bon, mais n’est-ce pas ce que nous vivons aujourd’hui, cette impression de ne jamais finir de détruire, araser, les mêmes territoires, réels, pensés, imaginés, pour tenter de faire naître quelque chose d’autre ? […]
Gilles Desnots. Dramaturge.
Peau d’âme, 2011